Dans le cadre du projet de révision du site de La Ferrassie que j’ai initié et que je dirige depuis 2013, plusieurs résultats marquants ont été obtenus. Au final, j’ai découvert avec mes collaborateurs des ossements inédits de 6 Néandertaliens et d’un individu aurignacien. Il s’agit de fragments appartenant aux deux adultes néandertaliens découverts il y a un siècle, de 47 restes attribués à l’enfant LF8 (lire ici et ici pour découvrir les publications scientifiques), de 3 dents issues des collections (LF7, LF11 et LF12, à découvrir ici) et d’un fragment de dent néandertalienne mis au jour lors des fouilles récentes (LF13). Nous avons aussi proposé des dates pour 3 individus (ici et ) afin de mieux contextualiser ces fossiles les uns par rapport aux autres et dans le site. Les données d’imagerie acquises à haute résolution sur AST-RX sur ces fossiles sont accessibles à tous sur simple demande et sans restriction. En complément, pour faciliter encore l’accessibilité, les articles publiés incluent des modèles 3D pour LF8 ainsi que la première chaîne complète d’osselets pour un Néandertalien, LF1.

 

 

Néandertal enterrait bien les siens il y a 41 000 ans

La question de savoir si les Néandertaliens enterraient leurs morts, et les implications comportementales et symboliques qui y seraient associées, demeurent un sujet de vastes débats. Beaucoup considèrent que seul Homo sapiens avait des pratiques funéraires. C’est en partie dû au fait que les Néandertaliens les mieux conservés ont été trouvés il y plus d’un siècle et que les fouilles ne s’effectuaient pas alors selon les standards actuels, ne permettant pas de discuter les gestes funéraires avec le même niveau de résolution scientifique.

 

J’ai dirigé une équipe internationale constitué de 14 chercheurs de 5 pays et nous avons mené une étude pluridisciplinaire sur un squelette humain mis au jour il y a 50 ans dans un des sites néandertaliens les plus célèbres, La Ferrassie.  Il a livré six squelettes néandertaliens au début du 20ème siècle, puis un dernier, celui d’un enfant dénommé La Ferrassie 8 en 1970 et 1973. Nous avons mené des recherches dans les collections du Musée d’Archéologie Nationale et du Muséum national d’Histoire naturelle, dans les archives du Musée de l’Homme et de l’Institut de Paléontologie Humaine, et directement sur le gisement. Cette étude multidisciplinaire éclaire le contexte archéologique de La Ferrassie 8, permettant de retracer la distribution spatiale des restes humains et objets archéologiques issus des travaux de terrain entre 1968 et 1973, mais aussi des nouvelles fouilles de 2014.

Les résultats inédits concernent la découverte de près de 50 nouveaux fossiles humains, de données géochronologiques par les méthodes 14C et OSL, protéomiques et d’ADN ancien, une analyse complète de la taphonomie de tous les restes osseux humains et de faune associés, des informations sur le contexte géologique et stratigraphique de la découverte.

 

Nous démontrons que le corps d’un enfant de deux ans a bien été déposé dans une fosse creusée dans une couche sédimentaire qui était vide de tout objet archéologique. Un Néandertalien a donc bien été inhumé par les siens il y a 41 000 ans. Ce fossile se révèle aussi être le Néandertalien le plus récent daté directement. Vous pouvez lire l'article scientifique en accès gratuit ici, découvrir le communiqué de presse ou lire quelques papiers ici, ou encore . Et pour avoir toute l'histoire, voici une conférence.