Lucy

Lucy est le surnom donné au plus célèbre fossile d’australopithèque. Son nom vient du titre d’une chanson des Beatles très écoutée sur le chantier cet été-là. Le fossile a été mis au jour à Hadar, sur la rive droite du fleuve Awash, en Éthiopie, en 1974. Sa renommée est due au fait que c’était le premier individu assez complet découvert pour des périodes aussi anciennes. De plus, Yves Coppens, l’un de ses découvreurs, est un paléoanthropologues bien connu en France. Datée de 3,2 millions d’années, Lucy a conservé 40 % de son squelette, soit 52 os dont la mandibule et des fragments de crâne, mais surtout des parties du bassin et du fémur. Ainsi, ce spécimen a été particulièrement important pour discuter du mode de locomotion des australopithèques, de leurs proportions corporelles, de leur dimorphisme sexuel et même des modalités de l’accouchement, puisque Lucy aurait été une femme.

Selam

Selam, qui signifie « paix » en langue amharique, est le nom usuel d’un Australopithecus afarensis mis au jour en 2000, à Dikika dans l’Afar en Éthiopie, à une dizaine de kilomètres du lieu de découverte de Lucy. Le crâne a d’abord été trouvé, alors que le squelette était pris dans une gangue de sédiments. Le travail de dégagement était encore inachevé à l’annonce de sa découverte en 2006. Datée de 3,3 millions d’années, Selam était une petite fille d’environ 3 ans qui s’est noyée dans le fleuve Awash. Son ensevelissement rapide au cours d’une crue explique sa conservation exceptionnelle. Son squelette complet était encore en connexion anatomique et il ne manque que quelques os du pelvis. Certaines pièces, comme l’os hyoïde, étaient encore inconnues chez ces australopithèques. Son os hyoïde, ce petit os mobile qui soutient la langue et qui est lié à la capacité à articuler et à moduler des sons, est très proche de celui des grands singes. La forme de ses omoplates, semblable à celle des grands singes, lui permettait de lever les bras bien au-dessus de la tête. Malgré son très jeune âge, Selam présente la plupart des caractéristiques morphologiques de son espèce. Par ailleurs, son cerveau mesure 330 cm3, ce qui indique que la croissance du cerveau chez cette espèce fossile était plus lente que chez les chimpanzés actuels.

L'enfant de Taung

Ce spécimen est le premier fossile découvert en Afrique, en 1924. Il comprend la face, la mandibule, quelques fragments crâniens ainsi qu’un moulage endocrânien naturel : la boîte crânienne a été remplie par un sédiment qui a progressivement durci. Trouvé à part, il s’emboîtait parfaitement sur ce qui reste du crâne et donne une idée du cerveau lui-même. Il s’agit d’un enfant d’environ 3 ans dont les premières molaires avaient juste commencé à sortir au moment de son décès. Il présentait à la fois des caractères primitifs – un petit cerveau et une mâchoire protubérante – et des caractères évolués rappelant ceux des hommes dans la dentition et la position du trou occipital indiquant la bipédie. La publication de Raymond Dart, en 1925, a été très critiquée par la communauté scientifique qui lui préférait l’homme de Piltdown– avec son grand cerveau et ses dents de singe – comme ancêtre possible de l’homme. Les critiques ont porté sur le fait que Taung était un enfant et que plusieurs de ses caractères sont présents chez les grands singes en bas âge. Ainsi, Sir Arthur Keith, l’anthropologue le plus respecté de l’époque, considérait que Taung était un bébé gorille fossile. Cependant, la position du trou occipital ne pouvait guère être expliquée comme étant celui d’un grand singe immature. Il fallut attendre la découverte de nouveaux australopithèques et la révélation que l’homme de Piltdown était un faux, pour que l’enfant de Taung soit enfin accepté dans la lignée humaine. 

Miss Pless

Ce fossile a été mis au jour en 1947 par Robert Broom à Sterkfontein, en Afrique du Sud. D’abord attribué à une espèce baptisée Plesianthropus transvaalensis et considéré comme une femme, il se vit affublé du surnom de Miss Ples avant d’être rattaché aux Australopithecus africanus. Quant à son sexe, il pourrait finalement s’agir d’un homme, voire d’un adolescent, car l’analyse des racines des dents indique qu’il n’avait pas terminé sa croissance. Ce crâne était presque complet et à peine déformé. Seul un fragment d’os frontal de forme triangulaire manque et une fracture se prolonge tout autour du crâne. Cela est dû au fait que le crâne a été cassé en deux durant son extraction du sédiment très dur dans lequel il se trouvait. Plutôt que de le dégager à la pioche, Broom avait opté pour une méthode plus radicale et plus rapide, en utilisant de la dynamite ! Le crâne a une capacité crânienne de 485 cm3. Ses caractères primitifs sont plus accentués que ceux de l’enfant de Taung, avec une face très projetée en avant et un fort bourrelet au-dessus des yeux. La découverte de ce spécimen mature a contribué à faire admettre l’hypothèse de Raymond Dart de l’existence d’une forme d’homininé ancienne.