Hominine(s)

Le terme « hominine » (mais aussi celui d'homininé il y a encore quelques années) a fait son apparition dans les histoires contées au grand public sur l’évolution humaine. Ce n’est pourtant pas la conséquence d’une faute de frappe répétée à partir du mot « hominidé ». Tous les chercheurs ne s’accordent pas sur la définition et la hiérarchisation des taxons au sein des primates. Toutefois, un consensus existe pour considérer que le principal caractère commun des hominines est la bipédie. Ainsi, les hominines comprennent le genre humain (tous les fossiles attribués à Homo et les humains actuels), les Australopithèques, Paranthropes, Ardipithèques et autres Orrorin ou Sahelanthropus.  Si certains utilisent plutôt le mot homininé pour dire la même chose, personne ne peut dire qui a raison ! Autant suivre l'avis majoritaire pour se simplifier la vie (et la compréhensions). Dans ce cas, le terme homininé réfère aux hominines et aux chimpanzés et bonobos actuels et ancêtres communs à tout ce petit monde depuis une vingtaine de millions d’années. Si on ajoute le gorille et ses ancêtre, une branche de plus donc, on arrive au terme hominidé. 

 

Ces discussions autours des termes ne sont pas simples. Certains scientifiques souhaitent utiliser une approche stricte : une branche, un nom. Autant cela fonctionne facilement quand on étudie la diversité actuelle, autant cela se complique avec les espèces fossiles. Forcément, chaque découverte peut changer la donne puisqu'une nouvelle branche fait son apparition. Par exemple, où ranger le gigantopithèque, grand singe géant cousin de nous tous ? Bref, voici pourquoi différents termes sont utilisés. L'idéal est donc de toujours donner la définition pour être certain de bien se comprendre. 

 

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évolution et chronologie des homininés

 

Petite synthèse en image de la distribution chronologique des différentes espèces d'homininés (cliquez sur l'image pour l'agrandir et lire le texte ci-dessous pour le détail des informations)

Inventaire complet des espèces d'hominines

Eh oui, voici le catalogue complet de toutes les espèces humaines, vous en avez rêvé, le voici !

Avec des informations, tout ce qu'il faut savoir et quelques anecdotes ! 

 

Légende (explications des informations détaillées ci-dessous pour toutes les espèces) :

Nom scientifique (et année de la première découverte)

1. Période (en millions d’années, notée MA).

2. Aire géographique.

3. Holotype (le fossile unique utilisé pour définir l'espèce ; numéro d’enregistrement du fossile et éventuel surnom) ; paratypes et autres fossiles célèbres attribués à cette espèce.

4. Information à retenir.

 

N.B. : Pour la distribution chronologique et géographique, les informations dépendent du registre fossile ; une espèce a donc pu vivre plus longtemps et dans d’autres régions sans que des fossiles n’aient encore été trouvés pour le démontrer (c'est d'ailleurs fort probable).

 

Sahelanthropus tchadensis (2001)

1. 7 MA.

2. Toros-Menalla, Tchad, Afrique centrale.

3. Un crâne déformé (TM266-01-060-1, Toumaï) ; deux fragments de mandibules, trois dents.

4. Toumaï serait le plus ancien hominine connu car la forme de la base de son crâne indique qu’il était bipède. Puisque très ancien et originaire d’Afrique centrale, il a ouvert des perspectives inattendues pour la recherche des premiers humains.

 

Orrorin tugenensis (2000)

1. 6 MA.

2. Collines Tugen, Kenya, Afrique de l’Est.

3. Un fragment de mandibule (BAR 1000’00) ; mandibules, dents et quelques os du squelette.

4. Orrorin comprend le plus ancien fémur d’homininé, indiquant une locomotion bipède. Sa morphologie assez évoluée montre que la bipédie a une origine complexe.

 

Ardipithecus kadabba et Ardipithecus ramidus (2001 et 1992)

1. respectivement 6,3-5,2 MA et 4,4 MA.

2. Région du Middle Awash, Éthiopie et peut-être Kenya, Afrique de l’Est.

3. Fragment de mandibule (ALA-VP-2/10) et des dents (ARA-VP-6/1).

4. L’ardipithèque est candidat au rôle d’ancêtre des australopithèques puisqu’il en est proche dans le temps et par sa morphologie.

 

Australopithecus anamensis (1994)

1. 4,2-3,9 MA.

2. Sites d’Allia Bay et Kanapoi, Kenya, Afrique de l’Est.

3. Une mandibule et un fragment d’os temporal (KNM-KP 29281).

4. Les caractères de son squelette infra-crânien indiqueraient une meilleure adaptation à la bipédie que les autres australopithèques. Là encore, cela illustre que l'adaptation a la bipédie n'est pas le résultat d'un évènement unique ni une tendance à une supposée "amélioration" de cette capacité.

 

Australopithecus afarensis (1974)

1. 4,1-3 MA.

2. Tanzanie, Éthiopie et Kenya, Afrique de l’Est.

3. Une mandibule (LH 4) ; Lucy, Selam, « la première famille ».

4. Le plus célèbre et le mieux documenté des australopithèques a longtemps été considéré comme ancêtre de tous les hominines ultérieurs. Ce n'est finalement qu'un australopithèque parmi tant d'autres, ce qui est déjà beaucoup.

 

Kenyanthropus platyops (1998)

1. 3,5 MA.

2. Ouest Turkana, Kenya, Afrique de l’Est.

3. Un crâne fragmenté et craquelé (KNM-WT 40000).

4. Sa face plate est sa principale caractéristique ; postule pour être l’ancêtre de Homo rudolfensis, lui aussi à face plate. Attendons plus de fossiles, mieux préservés et des résultats détaillés pour statuer.

 

Australopithecus bahrelghazali (1995)

1. 3,5-3 MA.

2. Koro Toro, Tchad, Afrique centrale.

3. Un fragment de mandibule (KT 12/H1, Abel).

4. Abel a été le premier hominine ancien découvert à l’ouest de la vallée du Rift, ce qui allait alors à l’encontre des théories sur l’évolution humaine. Il ressemble le plus à Australopithecus afarensis.

  

Australopithecus deyiremeda (2015)

1. 3,4 MA.

2.Burtele (BRT) et Waytaleyta, nord de l'Éthiopie, Afrique de l’Est.

3. Un fragment de maxilaire (BRT-VP-3/1).

4. Espèce identifiée par des caractères dentaires et des mâchoires, illustrant la diversité des hominines à cette époque.

 

Australopithecus africanus (1924)

1. 3-2,5 MA et peut-être jusqu’à 4 MA.

2. Un crâne d’enfant (Taung 1) ; Miss Ples, peut-être Little Foot.

3. Grottes de Taung, Sterkfontein, Makapansgat et Gladysvale, Afrique du Sud.

4. Premier homininé ancien découvert, Taung a longtemps été considéré comme un bébé gorille, jusqu’à la révélation que l’homme de Piltdown était une supercherie.

 

Australopithecus garhi (1997)

1. 2,5 MA.

2. Des fragments crâniens (BOU-VP-12/130).

3. Bouri, Middle Awash, Éthiopie, Afrique de l’Est.

4. garhi (qui signifie « surprise » en langue afar) a été retrouvé à côté d’os de gazelle avec des stries de découpe, indiquant la plus ancienne utilisation d’outils connue.

 

Australopithecus sediba (2010)

1. autour de 1.8 MA.

2. Squelette partiel d'un individu immature (Malapa Hominin 1 ou MH1) ; au moins 4 individus ont été trouvés.

3. Afrique du Sud, grotte de Malapa.

4. sediba est contemporain des premiers Homo et même d'Homo ergaster/erectus. Comprend plusieurs spécimens exceptionnellement conservés.

 

Paranthropus aethiopicus (1967)

1. 2,6 MA.

2. Une mandibule (Omo 18.18) ; le crâne noir (KNM-WT 17000).

3. Éthiopie, Kenya et Malawi,Afrique de l’Est.

4. aethiopicus pourrait être l’ancêtre des deux autres espèces de paranthropes. Des outils ont été trouvés à proximité de fossiles de paranthropes, les fabriquaient-ils ?

 

Paranthropus robustus (1938)

1. 2,2-1,5 MA.

2. Un crâne et une partie de son squelette (TM 1517).

3. Plusieurs grottes d’Afrique du Sud.

4. Le plus robuste des hominines en raison de ses grosses mâchoires ; les mâles paranthropes avaient même une crête osseuse au-dessus du crâne.

 

Paranthropus boisei (1955)

1. 2,2-1,2 MA.

2. Un crâne (OH 5).

3. Tanzanie, Éthiopie et Kenya.

4. Le zinjanthrope (son premier nom) a été contemporain de plusieurs espèces du genre Homo en Afrique.

 

Homo rudolfensis (1971)

1. 2,4-1,6 MA.

2.Un crâne (KNM-ER 1470).

3. Kenya et Malawi, Afrique de l’Est.

4. rudolfensis et habilis, premiers Hommes ou australopithèques ? Étaient-ils les ancêtres des premiers homininés qui ont migré hors d’Afrique ?

 

Homo habilis (1959)

1. 2,4-1,4 MA.

2. Fragments crâniens (OH 7) ; mandibule (OH 4).

3. Tanzanie, Éthiopie et Kenya, Afrique de l’Est, peut-être aussi Afrique du Sud.

4. habilis a longtemps été supposé être le premier fabricant d’outils, mais les australopithèques l’ont précédé dans cette activité.

 

Homo ergaster (1970)

1. 1,9-1,5 MA.

2. Une mandibule (KNM-ER 992) ; un squelette d’enfant (KNMWT15000).

3. Kenya, Afrique de l’Est, peut être Géorgie.

4. ergaster est le premier humain à avoir un squelette postcrânien très similaire en forme et en taille à celui de notre espèce. Peut-être le premier homininé sorti d’Afrique pour découvrir l’Eurasie.

 

Homo erectus (1890)

1. 1,8-0,03 MA.

2. Une calotte crânienne (Trinil 2) ; Sangiran 4 et 17, Mojokerto, Zhoukoudian, OH 9, Bouri, Tighennif.

3. Asie et Afrique, peut-être Géorgie.

4. Conquérant et maître de l’Asie, erectus aurait vécu à Java jusqu’à il y a moins de 50 000 ans.

 

Homo floresiensis (2003)

1. 0,7-0,1 MA.

2. Un squelette partiel (LB1).

3. Grotte de Liang Bua, île de Florès, Indonésie, Asie du Sud-Est.

4. Plus petit des hominines récents (1 m), avec un cerveau aussi petit que celui d’un chimpanzé, et pourtant il fabriquait des outils, chassait et il savait peut-être même naviguer.

 

Homo antecessor (1994)

1. 1,2-0,7 MA.

2. Une mandibule (ATD6-1) ; fragments crâniens, une autre mandibule en 2007 qui a 1,2 MA.

3. Atapuerca, Espagne.

4. antecessor est le plus ancien homininé connu en Europe. De nouvelles découvertes devraient encore faire reculer cette date.

 

Homo heidelbergensis (1907)

1. 0,6-0,2 MA.

2.Une mandibule (Mauer 1) ;Arago 21, Petralona, Atapuerca SH cranium 5.

3. Europe.

4. heidelbergensis ressemble beaucoup aux néandertaliens, dont il pourrait être l’ancêtre. Avait-il un lien de parenté avec Homo rhodesiensis ?

 

Homo neanderthalensis (1829)

1. 0,2-0,03 MA.

2. Une calotte crânienne et une partie du squelette (Neandertal 1) ; Krapina, Spy, La Chapelle-aux-Saints, Shanidar, Okladinov

3. Europe, Proche-Orient, Asie de l’Ouest.

4. Les néandertaliens sont les premiers hominines découverts (1829) et reconnus (1851).

 

Homo rhodesiensis (1921)

1. 0,5-0,2 MA.

2. Un crâne (Kabwe) ; Bodo, Dali, Jinniushan.

3. Afrique, Asie, peut-être Europe.

4. rhodesiensis pourrait être l’ancêtre d'Homo sapiens. Ces fossiles sont d'ailleurs parfois nommés "Homo sapiens archaïques" mais ce terme est à éviter car il n'a pas de valeur scientifique.

 

Homo luzonensis (2019)

1. 0,05 MA.

2. Des restes fragmentaires de plusieurs individus.

3. île de Luzon, Philippines.

4. luzonensis est, avec l'Homme de Florès, une autre forme d'humanité "miniature".

 

Homo sapiens (espèce nommée en 1758)

1. 0,2-actuel.

2. Pas d’holotype ; Omo 1, Herto, Qafzeh, Liujiang, Lake Mungo, Oase 2, Cro-Magnon 1.

3. Afrique (dès 0,2 MA), Proche-Orient (0,1 MA), Asie (0,1 MA) et Australie (0,06 MA), Europe (0,04 MA), Amériques (0,03 MA), Pacifique (0,004 MA), Arctique (actuel), Lune (actuel).

4. sapiens est la seule espèce humaine vivant encore aujourd’hui. Partie d’Afrique, elle est la première à avoir conquis l’ensemble de la Terre.

 

Homo naledi (2015)

1. autour de 0,3 MA.

2. DH1 un crâne fragmentaire ; plus de 1500 restes de nombreux individus, et il semblerait que ce ne soit pas fini.

3. Un tout petit trou en Afrique du Sud.

4. Découverte importante, mais l'anatomie des fossiles n'est pas encore suffisamment étudiée pour valider cette nouvelle espèce, les caractères dérivés semblent faire défaut. Ressemble beaucoup aux premiers Homo ou Homo erectus anciens. Fait unique, les découvreurs ont mis en ligne les modèles 3D des principaux fossiles, permettant ainsi aux autres chercheurs de les étudier.